
Depuis presque trois ans, il ne se passe plus un week-end sans que je me demande où est passé notre esprit de fête. C’est quand même vrai : avec la pandémie, nos belles motivations à nous déhancher sur des rythmes fous, en-dehors de toute contrainte – sinon celle de se faire plaisir – se sont réduites comme peau de chagrin…
Et à vrai dire, ce n’est pas seulement en sortant en boîte, avec des amis, le week-end, ou en soirée, qu’on célèbre l’esprit de la fête. Mais bien à tout moment de l’existence, à la moindre occasion, en faisant un gag, esquissant un pas de danse, buvant un verre avec un ami, sortant voir quelqu’un… Mais alors, où est passé cet esprit de fête ?
(Avons-nous égaré notre esprit de fête ?)
Notre société montre des signes de fatigue avancés à cet égard. Le corona n’explique pas tout ; c’est en fait tout un système qui contraint de plus en plus, de manière de plus en plus cachée – progressant par à-coups, mesures progressives – à reculer peu à peu dans l’expression de la liberté individuelle et collective. Ce sont nos libertés qui sont menacées quand les gens refusent d’organiser tel ou tel événement par peur de la censure, de se voir reprocher leur ton, une parole, un post sur les réseaux sociaux, etc. C’est en fait tout un système de contraintes, plus ou moins subies, plus ou moins conscientes, qui nous pend au nez et nous pousse peu à peu à renoncer à nos envies de nous exprimer, corps et âme déliés, ici ou là.
Etrange constat – à rebours de ce qu’on pourrait penser superficiellement. Non, à vrai dire, il s’agit bien là d’une manifestation de plus du capitalisme qui emprisonne les corps, les esprits, les coeurs et les âmes et dont nous nous sommes déjà faits l’écho à plusieurs reprises. La seule différence ? Cette emprise-là est sournoise, peut-être plus cachée que les autres, elle s’infiltre dans les moindres recoins, nous obligeant à reculer peu à peu par rapport à nos libertés, nos droits et nos envies de… faire la fête.
Nous devons reprendre le contrôle sur nos désirs, nos pulsions, sans quoi nous sommes foutus pour ce qui est d’avoir la maîtrise sur notre sens de la fête.