« Juvenile Justice », de sang et de glace

Quand la juge Sim débarque dans le paisible Tribunal pour mineurs de Yeonhwa, en Corée du Sud, les cieux et la terre se mettent à trembler…

Netflix sait produire tant navets grand public que séries de qualité. Le problème est souvent d’y trouver de quoi se nourrir. « Juvenile Justice » fait partie de ces séries de (très) grande qualité découvertes au hasard des recherches sur la plateforme de films et séries la plus connue au monde. Décryptage psuchique de la première saison.

Eun-seok Sim est une jeune juge connue pour infliger la peine maximale aux jeunes délinquants mineurs. Dans une société volontiers avare de jalons propres à guider sa jeunesse, où les rites de passage font défaut, une partie des adolescents n’arrive tout simplement pas à trouver sa place. Les juges des mineurs sont alors leur dernier rempart, « leur dernière ligne de défense », comme le présente M. Cha.

Mais certains crimes dépassent les bornes, l’entendement, l’imaginable. Viol, prostitution, meurtre, toute société a de la peine à s’imaginer que ses jeunes puissent faire cela. Et pourtant : partout sur la planète, ce sont des centaines, sinon des milliers et même des dizaines de milliers de jeunes qui pillent, volent, tuent, cela chaque année. Sans que cela ne fasse forcément la une des médias, sauf lorsque l’affaire est grave.

Pourquoi ? Parce que la justice des mineurs est encore vue comme une justice « au rabais », avec peu de moyens (en temps, en argent, en ressources humaines, etc.), qu’elle est le reflet de la façon dont la société considère une partie de sa jeunesse – à problèmes – et la manière dont il s’agit de la traiter. Et ce partout sur la planète, de la Suisse à la Corée du Sud. Les défis ne manquent pas pour les juges des mineurs, appelés à prendre position, suivre les jeunes, assurer leur protection et finalement les défendre quand tout le monde, souvent, les a laissé tomber.

Sim, elle, éprouve une haine tenace pour les jeunes délinquants. Au point de mettre sens dessus dessous le Tribunal, de susciter l’ire de ses collègues, de s’attirer les foudres de ses supérieurs – d’ailleurs volontiers suspects de cacher des secrets. Sans lâcher une seule de ses convictions. Pour faire justice – et nettoyer l’irréparable, sa pierre de touche, son ancrage : la mort de son fils, cinq ans plus tôt, dans une affaire visant à faire la lumière sur un crime perpétré notamment par… un jeune homme jugé alors par Na, sa supérieure, d’une manière que Sim démonte intégralement, en dépassant allègrement toutes les bornes…

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« Juvenile Justice » met aux prises des personnages fidèles à leurs convictions et mus par un intérêt tantôt personnel, tantôt professionnel. Comme chacun et chacune d’entre nous, Sim, Cha et leurs collègues doivent trancher entre ce que la société leur présente, leur impose voire les contraint à accepter et ce qu’ils ne peuvent tout simplement pas intégrer (personnellement ET professionnellement). Voire qui les contraint à tout remettre en question. Vivement la deuxième saison !

Trailer officiel de la première saison