Dans une société tournée vers la réalisation des objectifs personnels – d’argent, de famille, de couple, etc. -, promouvoir des jeunes talentueux dans une discipline en particulier ne va pas de soi. Bien sûr, tout le monde vous dira que ce que font ces jeunes est magnifique, qu’il s’agit de s’en inspirer – pour autant qu’on y pense, ce qui ne va pas de soi. Mais de là à le faire vraiment…
C’est ainsi : les mesures prises pour soutenir concrètement et activement des jeunes actifs dans la réalisation d’un parcours académique ou professionnel en parallèle d’une activité sportive ou artistique entreprise avec des hautes ambitions, soyons honnêtes, n’intéressent qu’une toute petite frange de la population. La plupart se contente de vivre en sachant que son pays a des sportifs de haut niveau capables éventuellement de ramener des médailles des Jeux Olympiques ou championnats du monde et des artistes capables de le faire rayonner à l’étranger.
Bien peu nombreux sont ceux et celles qui s’engagent concrètement en leur faveur. Mais l’engagement dépend pour beaucoup des politiques sportives et culturelles mises en place par l’état. En Suisse, le sport et les arts vivants sont relativement bien valorisés, sans toutefois qu’il soit possible de percevoir un système mis en place pour les soutenir activement et de manière systématique/durable. L’impression demeure de devoir constamment faire du lobbying pour défendre ces intérêts et replacer sur l’échiquier politique les mêmes questions lancinantes du soutien au sport de haut niveau ou, dans le théâtre, le cirque ou la musique, des besoins de défendre les artistes émergents pour leur permettre de faire une carrière professionnelle.
Particulièrement dans le milieu du sport, celui que nous connaissons le mieux, les besoins de soutenir proactivement – et non juste par des mesurettes servant à aider « un petit peu » ceux et celles qui désirent faire carrière – sont toujours aussi aigus. Année après année, les choses s’améliorent, bien sûr, les mesures étant toujours mieux structurées, les centres de formation réalisant un excellent travail, jusqu’à parfois former des générations entières de champions et championnes (par exemple en ski alpin). Il y a aussi beaucoup de succès individuels, à mettre sur le compte d’une ascension patiente, avec le soutien de l’entourage, des bons entraîneurs, une super détection des talents, une juste promotion et valorisation de l’athlète, etc. ; il serait possible de citer de très nombreux exemples de sportifs et sportives étant parvenu*es à percer au plus haut niveau chez nous.
Mais… cela n’empêche pas que pour la relève, les défis demeurent entiers. Le fossé séparant les athlètes professionnels/élite et des jeunes talents entre 15 et 20 ans qui rêvent d’un jour accéder à ce statut – avec également tous les sacrifices que cette vie exige, les privations, un engagement sans faille, etc. – est important. Il est par conséquent d’autant plus important d’apprécier les efforts consentis par ces jeunes et de le soutenir de manière appropriée.