« Je trouve que les gens sont tristes »

Hier, j’étais dans le métro, je rentrais chez moi, quand j’entends une dame – le visage visiblement affecté – déclarer à son amie « Je trouve que les gens sont tristes… ».

Que faire, s’il y a de la tristesse ? En premier lieu, l’accepter. On n’y peut rien : la tristesse, comme toutes les autres émotions, fait partie de la vie. Et notre monde est plein d’événements tristes, de moments pas (très) gais, de choses pas franchement drôles… c’est vrai. On n’y peut à vrai dire pas grand-chose…

Mais alors, rien ne sert de lutter ? De se révolter ? De vouloir influencer le cours des choses, pour que le monde soit moins triste ? Bien sûr que si ! Il s’agit d’abord de discerner ce qui provient de la cause de la tristesse elle-même et la tristesse elle-même (le symptôme, en quelque sorte) ; comme pour toute maladie, tout événement de la vie plus ou moins fâcheux (mais ça marche aussi avec les événements joyeux), il importe de savoir ce qu’il est possible d’influencer… ou pas. Leçon stoïcienne (relisez Sénèque, à l’occasion).

Moi, dans cette situation, je me suis dit que cette dame avait assez raison. Et puis tout de suite derrière : qu’elle devait quand même faire vraiment attention elle-même à ne pas être encore plus triste. C’est vrai : si l’on décrit ou constate quelque chose, quelque soit cette chose (une fleur qui pousse, la disparition d’un proche, un mariage, etc.), eh bien il importe de pouvoir rester assez neutre par rapport à ce qui se passe. Pour ne pas se laisser faire par cette dernière ; ne pas se laisser emporter, influencer voire engloutir par des forces énormes.

Donc moi, dans cette situation, j’avais envie d’aller vers cette dame pour lui dire : vous avez raison d’être triste, de dénoncer cette tristesse, mais faites-en quelque chose : utilisez-la à vos fins personnelles, donnez (ou redonnez-)la à Dieu, à la terre, aux dieux, qui sont ce qui influence bien plus que nous ce qu’il se passe sur cette planète…