Une jeunesse déboussolée – et inquiète

@ Le Parisien

Les jeunes ne vont pas très bien. C’est ce que révèlent les derniers chiffres et résultats des enquêtes les plus récentes sur la santé des jeunes Suisses et Suissesses. Faut-il y voir de quoi s’inquiéter ? Que faire ?

Après près de deux années de pandémie, rien d’étonnant à ce qu’une partie de la jeunesse n’aille pas très bien. Les pouvoirs publics n’ont tout simplement pas pris la mesure du phénomène et ont été incapables de mettre en place les dispositifs nécessaires à aider les jeunes qui en avaient besoin. Défaillance il y a eu, incontestablement. Pourquoi ?
Les adultes s’occupant des jeunes ont oublié tout simplement ce que signifiait être jeune en 2021-22. Nos adolescent-e-s sont dans une quête quasi constante d’attention, qu’elle provienne des parents, des amis ou de la société (environnement social au sens large). Leurs besoins sont de l’ordre de la reconnaissance sociale. Pendant la pandémie, les contacts ont été coupés en premier. Il y a eu interdiction de se voir, de se rencontrer, de faire la fête. Pas étonnant que pour les jeunes, tout ceci se soit révélé impossible.

Au-delà de ce besoin de se rassembler, de se retrouver, d’être ensemble, une grande partie de notre jeunesse accorde une importance excessive, du moins immense, à la dimension sociétale du vivre-ensemble, du bien-être commun. Mais dans un monde soumis à tant de tensions, de conflits, des plus locaux aux plus internationaux, sur lesquels nos jeunes ont encore moins de prise que les adultes, les premiers se sentent complètement démunis. Ils exigent des réponses que nous ne pouvons leur amener, ou que sur un mode mineur. C’est vraiment inquiétant.
Nous sommes dans l’incapacité collective de formuler des réponses plus ou moins rassurantes à l’encontre de nos jeunes. Nous sommes nous-mêmes perdus.

Pourquoi ? Parce que nous ne prenons pas la mesure de ce qui nous arrive. Débordés que nous sommes par l’urgence climatique, la guerre, les problèmes d’énergie (ou ce qu’on croit être les problèmes d’énergie), nous avons tendance à ne même plus voir le bout de notre nez. Notre civilisation occidentale a une curieuse tendance à creuser sa propre tombe et à éviter d’affronter les problèmes. Or, tel est précisément ce que nos jeunes demandent. Des adultes avec du courage, qui ne prétendent pas tout savoir mais affrontent les problèmes avec réalisme et pragmatisme.

Et si nous commencions par être plus courageux vis-à-vis des grands enjeux à venir ? Sur les plans climatiques, énergétiques, financiers, sociaux, politiques, etc. ? Ne faisions pas confiance aveuglément à la politique et à nos élites (en pleine perdition), mais engagions nous-mêmes le combat ? Pour sûr que nos jeunes nous suivraient ! Mais pour cela, il faut des modèles !