Stop au bisounoursisme !

Dans les domaines sociaux, de la formation, de l’enfance, de la jeunesse, des droits de l’enfant, la tendance à traiter des sujets avec mollesse est un vrai fléau. Il n’y a pas pire que des personnes – bien intentionnées – qui vous disent « Mais – il faut faire ceci comme cela, avec bienveillance… » ou « Mais c’est facile, il suffit de lâcher ses émotions négatives et de rester positif » ou encore « Tu vois comment il faut faire, tu dois d’abord t’occuper de cela et puis voir cela avec des yeux nouveaux… ». Ces gens-là, moi, ils m’énervent !

Pourquoi ils m’énervent, ces gens-là ? Pas parce que ce sont de mauvaises personnes, bien au contraire ! C’est même souvent tout le contraire – et c’est bien ça le problème. Quand trop de bons sentiments prennent le dessus sur la vérité des choses, tragique et toujours claire-obscure, jamais distincte « à 100% » et toujours à interpréter à nouveau, jusqu’à parvenir à un sentiment, une perspective, voire mieux : une compréhension profonde, enracinée des choses, dénuée de jugements de valeur, eh bien quand trop de bons sentiments prennent le dessus, on ne comprend plus rien du tout.

Déjà qu’il est aisé de nous fourvoyer dans l’interprétation que nous faisons des phénomènes au quotidien, tellement la réalité ne se laisse pas enfermer dans des cases, dans nos concepts, nos idées, notre vision du monde… alors si l’on commence à imaginer que les choses pourraient être simplifiées, réduites à deux-trois éléments-clés qu’il suffirait de s’enfoncer dans la tête pour avoir compris « le monde », que quelques slogans bien sentis peuvent nous rapprocher de la vérité, on se met le doigt dans l’oeil. Et comme il faut, même.