« I dodici imperfetti » (Verscio, 14.7.2018)

© Accademia Dimitri

Nb : Article publié originairement en juillet 2018.

PSUCHE s’est rendue à Verscio en ce week-end du 14 et 15 juillet 2018. Un week-end pour explorer les contours d’un art méconnu, le théâtre de mouvement.

On connaît le théâtre : déclamation d’un texte sur une mise en scène gestuelle, technique et artistique. Le théâtre de mouvement ajoute une dimension supplémentaire au théâtre classique en ce sens qu’il donne à voir un jeu spectaculaire, basé sur les arts du cirque, de la danse, du chant, de la musique, etc.

PSUCHE est allée voir un spectacle de « Variété » : justement un mélange de tout cela. I dodici imperfetti est le spectacle de fin d’année de la volée 2016-2019 du Bachelor en Théâtre de mouvement de l’Accademia Dimitri. Porté par les comédiens Patrice Bussy, Virginia Cassina, Ettore Chiummo, Simone Ganser, Rahel Leutwiler, Luca Lombardi, Saskia Simonet, Simon Thöni, Daniela Catherine Vargas Torres, Florian Timo Voigt, Valea Völcker et Luana Volet, I dodici imperfetti se veut une représentation tragi-comique. 
Masqués, les comédiens s’avancent, imperturbablement, sur la scène. Les uns après les autres, ils enlèvent et enfilent à nouveau leurs masques, blancs, boudeurs, moqueurs, ou simplement tristes. I dodici imperfetti, c’est l’histoire de douze personnes imparfaites, comme vous et moi. C’est aussi le jeu de jeunes talents bientôt professionnels, en allemand, italien et français. Tableau après tableau, dans une confusion mélancolique et dramatique entre tension, résolution et légèreté, les personnages inventés par les comédiens eux-mêmes prennent possession de la scène.

Tout en restant eux-mêmes, ils se réinventent en permanence. D’un numéro de trapèze, ils vous invitent à chanter avec eux, avant d’ouvrir un chapitre érotique, voire comique. Les gestes sont précis, uniques, maintes fois répétés, il est vrai. La capitulation scénaristique intervient en toute fin de spectacle, quand, après une roue exécutée par chacun, le rassemblement opère autour d’une divergence commune : si le jeu théâtral s’inscrit dans une imperfection, la recherche du meilleur devient le principal enjeu du théâtre. Pour rire, s’élever spirituellement ou physiquement (voire les deux) et s’envoler vers de nouvelles dimensions, de nouveaux gestes, de nouveaux spectacles.

Loin des productions standardisées, monolithiques, sur le mode « expression de la volonté du metteur en scène », I dodici imperfetti sert parfaitement le jeu. Les acteurs, lyriques et volontaires, s’en donnent à coeur joie dans une production mêlant habilement les dimensions artistiques, esthétiques voire musicales d’un théâtre « de mouvement » rafraîchissant.