En Suisse, une politique de l’enfance et de la jeunesse défensive et attentiste

Malgré quantité de lois, de procédures, de règlements, d’outils pour leur mise en oeuvre et de mesures décidés pour respecter les textes internationaux, nationaux et cantonaux (voire communaux) pour aider, protéger, accompagner et encourager l’enfance et la jeunesse, les enfants et les jeunes – jusqu’à 18, voire 25 ans – sont moyennement bien protégés, sécurisés dans leur éducation et croissance et accompagnés vers l’âge adulte dans notre pays.

Pourquoi ? Il faut comprendre les raisons structurelles, sociétales et culturelles, voire politiques et économiques qui motivent les acteurs à agir comme ils le font en faveur (ou défaveur) des enfants et jeunes en Suisse. Partons des besoins des enfants et jeunes pour grandir en toute liberté, sécurité et s’épanouir le plus et mieux possible vers une forme d’accomplissement à l’âge adulte, tant sur le plan psychologique que physique, moral et émotionnel. Enfants et jeunes ont besoin de sentir une présence authentique, chaleureuse et attentive des adultes.

Dans l’éducation, enfants et jeunes doivent pouvoir se sentir soutenus, accompagnés et encouragés à exploiter leur plein potentiel. Nous peinons à donner à chaque enfant ou jeune les possibilités de se réaliser pleinement, soyons francs. Notre valeur d’égalité des chances a du plomb dans l’aile. Ce sont toujours les enfants et jeunes des couches socio-économiques les plus favorisées qui s’en sortent au final le mieux, même si les progrès en la matière sont bien réels. Les enfants et jeunes ayant un parcours migratoire sont systématiquement défavorisés. Même si la discrimination ne s’exerce pas au grand jour, si les empêchements vis-à-vis des enfants et jeunes en question ne sont pas visibles (pour le grand public), les problèmes sont là, bien réels.

Garçons et filles n’ont toujours pas la possibilité de grandir exactement sur un pied d’égalité – sans bien sûr forcer la notion d’égalité dans le sens d’un mélange des attributions systémiques, sur un plan tant structurel qu’économique, moral ou institutionnel – à leur égard. Il convient toujours de faire la distinction dans ce qui caractérise les parcours des filles et des garçons, voire des enfants et jeunes différents (trans, gays, lesbiennes, etc.) et toujours en respectant les particularités de chacun. Chaque enfant et jeune doit pouvoir trouver les conditions pour s’épanouir, dans son cercle social, à l’école, dans le cadre d’un apprentissage, au travail, etc.

Dans le domaine du social, de la culture, du sport, des activités de loisirs, de jeunesse, les choses sont plutôt satisfaisantes, heureusement. Les offres sont pléthoriques. Malheureusement, tous les enfants et jeunes n’y ont pas accès de la même manière. Avoir des parents suisses et issus eux-mêmes de filières de formation non-formelle ou informelle, qui ont eu l’occasion d’exercer des responsabilités dans ces domaines, voire de diriger certaines entités ou structures, donne un avantage certain sur les plans de la reconnaissance sociale. Ainsi, même les enfants et jeunes nés en Suisse, ayant grandi ici et fait toutes leurs classes, de la primaire à l’université, dans notre pays, ne sont pas logés du tout à la même enseigne.

Faut-il s’inquiéter de ces inégalités et différences tant structurelles qu’économiques, politiques, sociales ? PSUCHE considère qu’il est important de répondre en deux temps à la question :
1. D’une part, il s’agit de saisir partout et tout le temps la possibilité d’améliorer la situation. Chacun – enfant, jeune ou adulte – peut et doit saisir la possibilité de donner son point de vue, de participer et surtout de peser de tout son poids (même infime) sur les processus de décisions, à tous les échelons (politiques).
2. On ne saurait, dans une démocratie, ne pas être attentif aux plus faibles, aux moins soutenus et plus discriminés de la société. PSUCHE s’engage à renforcer son attachement à soutenir tous les enfants et jeunes qui méritent leur chance, de la considération et une attention soutenue ainsi qu’une présence réelle des adultes à leurs côtés. La société des adultes ne doit pas, jamais, lâcher ses enfants et jeunes, sous peine d’être considérée comme lâche et traître à leur égard.

La Suisse a encore du chemin à faire sur ce chemin. Depuis des années, PSUCHE s’engage – aux côtés d’autres acteurs, à la présence plus ou moins consolidée – en faveur des jeunes talents dans les arts vivants et le sport en Suisse. Les moyens d’agir sont – nous devons bien le reconnaître – très modestes. A notre niveau, nous tentons donc de faire le maximum pour améliorer ce que nous pouvons en faveur des enfants et jeunes. A ces derniers, également parfois, de se montrer reconnaissants et de faire de leur mieux pour être aux côtés des adultes dans la perspective d’une société plus libre, plus vivante, plus joyeuse et moins… encombrante… vis-à-vis des possibilités de vie.