Affaire Valieva : et si on arrêtait de jouer avec la santé des jeunes sportifs ?

@Kobi5.com

L’ « affaire Valieva », du nom de la jeune Russe Kamila Valieva incriminée dans une affaire de dopage aux Jeux Olympiques de Pékin, a fait ces derniers jours couler beaucoup d’encre. Entre soupçons de malveillance de la part de son entourage, incohérence dans les décisions rendues par les principales instances concernées (CIO, TAS, AMA) et sensation de déjà-vu, retour critique et mise en perspective sur ce qui restera comme L’affaire de ces Jeux Olympiques d’hiver 2022.

Kamila Valieva, c’est cette jeune Russe au talent hors-norme, vainqueure des Championnats d’Europe de patinage artistique à Tallinn cette année et contrôlée positive à un médicament interdit par l’Agence Mondiale Anti-Dopage (AMA), la trimétazidine, utilisée normalement pour soigner les angines de poitrine et qui peut provoquer un avantage en termes respiratoires. Les circonstances du contrôle sont douteuses, Valieva ayant été contrôlée lors des Championnats de Russie fin décembre mais le résultat (positif) ne lui ayant été notifié que le 8 février, après l’ouverture des Jeux Olympiques et alors que la Russie avait déjà gagné la médaille d’or lors du concours par équipes le 7 février.

Dans cette affaire, l’âge de la jeune Russe joue un rôle majeur puisque Valieva n’a que quinze ans. Le Code Mondial Anti-Dopage prévoit en effet que toute personne âgée de moins de seize ans bénéficie d’un statut de « personne protégée » et possède donc, de fait, une protection qui l’empêche d’être inquiétée pour des affaires de dopage lors de compétitions internationales. C’est en ce sens que le TAS – le Tribunal Arbitral du Sport, sis à Lausanne – a rendu lundi 14 février une décision allant dans le sens d’une levée de la suspension provisoire exigée par le CIO, l’AMA et l’ISU (International Skating Union) demandant à ce que Valieva soit interdite de poursuivre les Jeux (il lui reste le programme individuel à réaliser entre aujourd’hui – pour le programme court – et jeudi – pour le programme libre). Valieva peut donc poursuivre la compétition et remporter, éventuellement, le titre individuel après le titre par équipe.

Ce qui étonne, dans le cas de Kamila Valieva, c’est la complaisance avec laquelle le TAS rend en fin de compte son jugement. Si l’athlète Valieva bénéficie d’un statut spécial en raison de son jeune âge et peut, de ce fait, participer aux compétitions qu’il lui reste lors de ces Jeux Olympiques, force est de s’interroger sur l’inéquité qui résulte de la décision du TAS vis-à-vis des autres patineuses engagées en individuel. Force est également de constater que l’entourage de Valieva doit être tenu pour pincipal responsable de l’administration de cette substance, comme n’a pas manqué de le souligner le CIO en conférence de presse. Valieva est entraînée en effet par la Russe Eteri Tutberidze, connue pour ses méthodes d’entraînement poussées à l’extrême dans son académie moscovite Sambo-70.

Ce qui choque, dans l’affaire Valieva, c’est l’absence d’informations concernant les préoccupations éthiques relatives à l’entraînement et au cadre de participation à des compétitions internationales pour une athlète mineure. Le fait même que la plupart des médias traditionnels ne souligne pas la dimension inquiétante relative à la santé de la jeune athlète russe témoigne d’une certaine forme d’absence de préoccupation totale pour la question.