La bonne vibe

Dans la vie, tout est une question de musique. Pas de n’importe quelle musique : sa petite musique personnelle, si on la connaît bien, ne vaut pas grand-chose au regard de la grande musique du monde.

Orageuse, vombrissante, divine, la musique du monde peut aussi être douce, agréable et confortable. Rares sont pourtant les moments où, portés par la musique, nous ne faisons plus qu’un avec elle, dans un mouvement amoureux. Ces moments-là, privilégiés, n’arrivent que lorsque nous sommes prêts ; prêts à partager des belles choses, la vie, telle qu’elle se donne.

Moi, aujourd’hui, j’ai vécu un tel moment : je me suis senti soudain soulevé, pris par la musique. Conscient que je vivais un moment unique, ouaté, seul et à l’écart. Sans tricher, sans chercher à me survaloriser, ni mettre en avant ma (petite) personne, comme il m’arrive trop souvent de le faire. Pas que je veuille forcément m’imposer aux autres, dans ces cas-là, mais qu’il en aille trop souvent d’un rapport de forces. Sans écoute de la musique. Ni de ce que dit l’autre.
Nous sommes faits ainsi : pour gagner et afficher le plus souvent possible une belle apparence. Mais lorsque les masques se lézardent, le nôtre en premier, nous nous retrouvons bien démunis.

Il suffit pourtant de suivre la musique. Elle est toujours là, objective, claquant ses rythmes et ses sons à nos oreilles, pourvu que nous arrivions à l’écouter. Car oui : en nous mettant à l’écouter, la musique ne se révèle pas seulement orageuse, vombrissante, divine ou douce, agréable et confortable ; mais encore dévoile-t-elle, progressivement, de bas en haut et de haut en bas, avec d’infinies nuances, tous les plis, replis et mystères du monde.