Cultiver ses talents

Les artistes nous offrent le plus merveilleux exemple de ce que l’être humain peut faire de mieux : être au sommet de son art à un moment donné. Peu de gens ont la capacité d’évoluer jusqu’à être complets, dans leur âme et dans leur corps, comme les artistes.

C’est vrai, non ? Seuls les artistes – les grands, les vrais – nous offrent le spectacle le plus exquis de ce que l’homme peut faire de lui-même quand il se dépasse, à vrai dire sur fond de souffrance et de rejet. Seuls les artistes parviennent à sublimer la souffrance, la dépasser pour en faire une alliée et non une rivale. Seuls les artistes sont à même de donner à l’humanité l’exemple authentique de l’être humain dans son déploiement le plus abouti.

J’en veux pour preuve que seul l’art nous sauve. Seul l’art est à même de nous soulager, de prolonger nos plaisirs, défaire nos peines, trouver un point de rencontre entre notre esprit et notre coeur, seul à même de nous permettre de nous rencontrer et de partager intensément, profondément, amoureusement. Je suis surpris… surpris qu’au XXIe siècle, aujourd’hui encore, avec tous nos moyens techniques, l’émotion que nous procure l’art soit encore la seule – en tout cas en ce qui me concerne – qui me donne la force de dépasser mes états.

Car c’est bien de cela dont il s’agit : dépasser nos états pour atteindre un niveau supérieur. Cultiver ses talents, à ce titre, doit s’inscrire dans le prolongement de ce que l’art nous dévoile comme chemin : un travail incessant de décapement, de retrait couche par couche de nous-mêmes, au-delà et en-deça des idées que nous nous faisons à notre propre sujet, souvent égoïstement. L’art doit nous servir de miroir, à refléter authentiquement ce que nous y projetons de bien et de mal.

Que celui qui se reconnaît en l’art, dans une production fictive et vivante, innocente et enfantine, jette la première pierre. Car c’est lui qui, surmontant son humanité trop humaine, peut et doit servir d’exemple.