Bon bilan pour la Suisse aux Championnats du monde d’athlétisme en Oregon (Eugene/USA, 15-24 juillet 2022)

@ATHLE.ch

Les 18es Championnats du monde d’athlétisme se sont tenus dans le stade d’Hayward Field, siège de l’Université de l’Oregon à Eugene aux Etats-Unis. Retour sur cette semaine de compétition marquée par trois records du monde (perche masculine, 400m haies féminin et 100m haies), mise en perspective et analyse critique.

Ce sont officiellement 25 athlètes (hommes et femmes) – plutôt une trentaine en comptant les deux relais 4×100 et 4×400 mètres femmes – qui ont fait le déplacement des Mondiaux cette année. Une belle sélection, composée d’athlètes expérimentés comme Mujinga Kambundji, fer de lance de l’équipe suisse depuis plusieurs saisons, et entourée de plusieurs « rising stars » telles que le nouveau recordman du monde (!) à la longueur sur le décathlon et meilleur performer mondial de l’année dans la discipline Simon Ehammer. De nombreux jeunes aux dents longues, donc, des athlètes confirmés tels qu’Ajla Del Ponte, Angelica Moser, Loïc Gasch, Noemi Zbären, et plusieurs athlètes prometteurs.

Niveau incroyablement élevé lors des ces Mondiaux qui voient notre sport s’internationaliser de plus en plus, avec des titres et médailles allant dorénavant à des pays qui éclosent sur la scène internationale (Inde p.ex.). Rendant les choses toujours plus délicates pour les athlètes européens.

  • une 3e place en longueur pour le sauteur appenzellois Simon Ehammer avec 8,16m – exploit monumental du jeune décathlète suisse (22 ans) !
  • une magnifique 5e place pour la leader de l’équipe suisse Mujinga Kambundji sur 100m, dans une course ultra relevée et une 8e place en finale du 200m
  • une très belle 6e place à l’heptathlon pour Annik Kälin, la jeune spécialiste multiples grisonne et immense talent jeunesse et maintenant élite, qui ne cesse de progresser puisqu’elle bat à Eugene son propre record suisse avec 6464 points (66 points de plus que le précédent). Elle figure au 5e rang européen – de bon augure avant les Championnats d’Europe dans un mois à Munich (15-21 août).
  • Deux 8es places à la perche pour la multimédaillée jeunesse Angelica Moser avec 4,60m (PB à 4,66m) et sur le 4x400m féminin, dans un quatuor composé de Silke Lemmens, Annina Fahr, Julia Niederberger et Yasmin Giger. Résultat inespéré pour le relais qui n’avait pas envisagé de passer en finale.
  • Lore Hoffmann, la spécialiste du 800m franco-suisse, termine 9e et première non-qualifiée pour la finale avec un meilleur chrono de la saison à 1’59 »88. Amère déception pour l’athlète du Club ATHLE.ch qui obtient le même résultat qu’une année auparavant à Tokyo, aux Jeux Olympiques, où elle avait fini 4e de sa demi-finale dans quasiment le même chrono : 1’59 »28. Pour aller chercher une place qualificative pour des finales mondiales, il semble nécessaire pour la Sierroise de grapiller encore quelques dixièmes sur ces temps à 1’59 – une marche à franchir dont elle est capable, elle qui a établi son PB en 2020 à un superbe 1’58 »50.
  • Très bons résultats pour nos hurdleuses Ditaji Kambundji et Noemi Zbären : toutes deux engagées dans des demi-finales complètement folles sur 100m haies, qui ont accouché d’un nouveau record du monde en 12 »12, elles terminent respectivement 13e (12 »70, PB) et 20e (12 »94, SB). De bon augure avant Munich.
  • Moins de succès pour les autres Suisses engagés dans ces Mondiaux d’athlétisme dans un stade animé, avec un public américain conquis par les innombrables succès – retentissants, voire carrément DINGUES – de ses stars : Sydney McLaughlin sur 400m haies notamment avec un monstrueux 50 »68 (record du monde), pulvérisé de plus d’une demi-seconde !
    > plusieurs de nos athlètes ne passent pas le « cut » des séries ou demi-finales. Pour rappel, les courses (sprint et demi-fond jusqu’au 1500m) comportent trois tours – séries, demi-finales et finale), le fond (3’000m steeple, 5’000 et 10’000m) deux ; alors que les concours (technique) comportent toujours un tour qualificatif et une finale. Mention bien pour Chiara Scherrer sur 3000m steeple avec un chrono tout proche de son record suisse en 9’22 »15 – la finale se gagne en 8’53 »02. Mention bien également pour le jeune sprinter du CA Sierre Julien Bonvin sur 400m haies, pour une première à ce niveau de la compétition ; il court en 50 »4 et termine 28e de ses premiers championnats du monde. Mention plutôt bien pour Yasmin Giger, 24e du 400m haies en 56 »31 (PB à 55 »25) dans une discipline – d’ailleurs tant chez les hommes que les femmes – en train d’exploser.
    > Championnats du monde compliqués en revanche pour le relais 4×100 féminin helvétique : le quatuor qui rêve d’un podium dans un grand championnat depuis sa mise sur pied en 2010 par l’entraîneur national Laurent Meuwly a péché par manque de repères et de confiance dans une année très compliquée aussi sur le plan individuel pour Ajla Del Ponte et Sarah Atcho (retour de blessure toutes les deux). Si le sprint féminin connaît en Suisse une progression fulgurante depuis les Européens de Zurich en 2014 avec nombre de nouvelles athlètes sous les 11 »30 depuis quelques saisons, la mise en place des différents éléments (transmissions, vitesse instantanée, forme du jour, repères, confiance, etc.) demeure encore et toujours LA pierre d’achoppement. Gageons que le podium soit pour Munich (RDV le dimanche 21 août dans le stade olympique de 1972 pour la finale !). Avec une équipe éventuellement remaniée (Kora out ? Kouni à la place ? Quid de Pointet ?).
    Déception également pour le grand talent Loïc Gasch à la hauteur (11e avec 2,21m, insuffisant pour se qualifier pour la finale). Touché à une cheville, le sociétaire de l’USY Athlétisme enchaîne les hauts et les bas depuis plusieurs saisons, avec un point d’orgue cet hiver à Belgrade aux Mondiaux en salle : le Sainte-Crix avait alors terminé vice-champion du monde avec un bond à 2,30m. Là encore, doigts croisés pour voir Gasch en forme à Munich.
    Les autres Suisses et Suissesses engagées dans des épreuves individuelles – sur 100, 110m haies et 400m – ne passent pas le « cut » des séries ou des demi-finales. Niveau trop élevé, manque de forme, de sensations… les Championnats du monde sont cruels.

Razzia américaine lors de ces Mondiaux (les USA premiers au classement des médailles avec une marge ENORME sur leurs adversaires).